Il existe un monde mystérieux.

Un labyrinthe appelant à la flânerie onirique et au réveil de la nostalgie. Dans cet univers aux décors immersifs, l’imaginaire conduit à l’inspiration et à la rencontre de l’autre. De l’inconnu. Le temps s’y est arrêté entre passé et futur, à cet instant où l’impossible devient possible.

Une utopie merveilleuse.

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Les cabinets de curiosités

Apparus en France et plus généralement en Europe à la Renaissance, puis très nombreux aux XVIIème et XVIIIème siècles, les cabinets de curiosités ont perduré jusqu’à nos jours, et depuis la fin du siècle dernier sont même redevenus « à la mode ».

Choix de coquillages, Alexandre-Isidore Leroy De Barde, vers 1803/1810.

À l’origine, ce sont des pièces ou parfois des meubles, où étaient rassemblées et exposées des collections de choses rares, nouvelles ou étonnantes, ayant le plus souvent un rapport à l’Histoire naturelle. Si, dès le départ, le règne minéral avec notamment les fossiles et le règne végétal, avec les herbiers y étaient représentés, c’est surtout le règne animal qui en constituait le fond des collections avec des squelettes, des carapaces, des cornes, des dents, des coquillages, des insectes dans des cadres dits « à papillons », et bien évidemment des animaux empaillés. Leur fonction était de mieux comprendre la Nature et le Monde, y compris lointain.

Dell'Historia Naturale, Ferrante Imperato.

Intérieur du Musée d'Ashton Lever, Sarah Stone, 1785.

Souvent réunis par des princes, ces collections « animales » étaient une affirmation de leur toute puissance, mais pouvaient être mises à la disposition des « savants » qui pouvaient voyager et étudier ainsi à domicile. Les cabinets de curiosités marquèrent ainsi une étape importante vers une compréhension plus scientifique du monde. Par la suite et notamment au cours des XVIIIème et XIXème siècles, leurs collections formèrent le noyau des musées et muséums ouverts au grand public.

Histoire et théorie de la terre de Buffon, De Sève.

Le comte de Buffon fut le premier naturaliste « scientifique ».

Buffon dans son fameux discours sur la Théorie de la Terre, en 1749, souligne l’intérêt qu’il y a à réunir des collections d’objets, non pas pour s’étonner de leur singularité mais pour les comprendre et les comparer. Car, nous prévient-il, : « Le premier obstacle qui se présente dans l’étude de l’Histoire naturelle, vient de cette grande multitude d’objets et de la variété de ces objets. Ce n’est qu’à force de temps, de soins, de dépenses, et souvent par des hasards heureux, qu’on peut se procurer des individus bien conservés de chaque espèce d’animaux, de plantes ou de minéraux, et former ainsi une collection bien rangée de tous les ouvrages de la Nature. »

Raphaël des fleurs, Pierre-Joseph Redouté.

Cabinet de collections, Frans Francken II, 1625.

Si Buffon, le premier naturaliste « scientifique », limitait ainsi les cabinets de curiosités à l’étude de l’Histoire naturelle, bien avant lui, en fait dès la Renaissance, des « collectionneurs » y mélangeaient déjà des objets créés ou modifiés par l’homme : objets archéologiques, antiquités, objets d’art, armes, objets de vitrine (cadres à papillons) puis très vite avec le développement des explorations et des voyages des animaux exotiques et des objets ethnographiques.

Mur de l'atelier d'André Breton, Centre Pompidou, Paris.

Dès lors, le cabinet de curiosités ne se limite plus à l’Histoire naturelle mais à une démarche accumulatrice à condition qu’elle soit artistique, d’objets les plus divers : minéraux, fossiles, graines, plantes séchées, animaux ou parties d’animaux, carapaces, squelettes, dents, griffes, plumes, armes, objets d’art ou d’ethnographie. Son aboutissement pourrait être autour de 1950, le « Mur » de curiosités de l’atelier d’André Breton, père du surréalisme, reconstitué aujourd’hui au Centre Pompidou.

André Breton collectionnait les peintures modernes et les objets d’Arts Premiers.

Dès le début du XIXème siècle, avec le goût des voyages, des explorations et la constitution en France comme au Royaume-Uni d’immenses colonies lointaines et exotiques, vont se développer, pour justement fournir à un public de plus en plus amateur de « curiosités », un véritable commerce et même une spéculation sur les coquillages (facilement transportables), les insectes (cadres à papillons surtout), les oiseaux et animaux empaillés, mais aussi les objets d’arts premiers ou comme on disait à l’époque d’arts primitifs.

Avant de devenir de véritables sciences, la conchyologie (étude des coquillages) et l’entomologie (étude des insectes) bénéficièrent grandement de la mode des cabinets de curiosités, dans lesquels de riches oisifs se contentaient d’accumuler ou selon leurs dires de collectionner en fonction de leur beauté, de leur taille, de leur rareté des coquilles de mollusques ou des papillons. Il n’empêche, ces collections, constituées souvent à grands frais, allaient permettre à des spécialistes, de classer et d’étudier des spécimens rares et lointains, que bien des musées n’avaient encore acquis.

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