Il existe un monde mystérieux.

Un labyrinthe appelant à la flânerie onirique et au réveil de la nostalgie. Dans cet univers aux décors immersifs, l’imaginaire conduit à l’inspiration et à la rencontre de l’autre. De l’inconnu. Le temps s’y est arrêté entre passé et futur, à cet instant où l’impossible devient possible.

Une utopie merveilleuse.

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La taxidermie

La taxidermie encore appelée naturalisation est l’art de préparer les animaux morts pour les conserver avec une apparence de vie. Le terme provient du grec taxis (préparation rapide) et de derma (la peau).

Audubon, né en France, est devenu au XIXème, le plus grand spécialiste des oiseaux des États-Unis.

Dès la préhistoire, l’homme a commencé à maîtriser les techniques de base du tannage, bien évidemment tout d’abord pour se vêtir. Mais ce n’est réellement qu’à partir du Moyen-Âge que le perfectionnement des techniques de conservation des peaux permettra, dans les siècles suivants et notamment à la Renaissance, avec le début des cabinets de curiosités, de « préparer » des animaux morts (mammifères, oiseaux et reptiles surtout) en leur donnant l’apparence « figée » du vivant. 

Tout commence à la Renaissance avec les cabinets de curiosités.

Le comte de Buffon, dans sa maison-musée de Montbard, sa ville natale, avec une foultitude d'oiseaux magnifiquement « empaillés ».

Dès la fin du XVIIème siècle, le physicien et naturaliste français Réaumur constitue un très riche cabinet de curiosités où il essaye de réunir un exemplaire de chacune des espèces animales connues à l’époque. Pour ce savant « touche à tout », un cabinet de curiosités n’est pas simplement un musée voué à l’entassement des collections mais doit être avant tout un outil scientifique à part entière, permettant de mieux connaître le mode de vie des animaux qu’il étudie. Et, ces animaux vont des insectes son Mémoire pour servir à l’étude des insectes, publié en 1732, est resté célèbre–, aux plus gros mammifères, en passant par les oiseaux, les reptiles et aussi les coquillages. Son cabinet est l’un des plus riches d’Europe, et notamment sa collection d’oiseaux, dont la plupart sont conservés « en peaux », grâce à un procédé de « tannage » qu’il a mis au point, afin de les préserver des attaques des insectes. Son neveu qui à la mort de Réaumur, récupérera les peaux en « montera » une grande partie, en les « empaillant ». Cette collection d’oiseaux empaillés sera récupérée par le naturaliste Buffon qui les intégrera dans le Cabinet du roi, actuel Muséum du Jardin des plantes. Réaumur et son neveu, du moins pour les oiseaux, doivent être considérés comme les précurseurs de la taxidermie – on devrait parler en fait d’empaillage – moderne, dès le début du XVIIIème siècle.

Tous les cabinets se devaient d'avoir une vitrine « ornithologique » avec de nombreux oiseaux empaillés.

Au XIXème siècle, les colons et militaires britanniques enrichissent les collections.

Un splendide diorama sous vitrine, avec de magnifiques oiseaux d'Amérique du Sud.

Mais c’est réellement au début du siècle suivant, à partir de 1820, qu’eut lieu un véritable engouement pour la taxidermie et les cabinets de curiosités. Les Anglais avec leur empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais, recevaient des dizaines de milliers d’oiseaux exotiques, conservés en « peau », que la société Rowland Ward à Londres, « naturalisait » pour les particuliers comme pour les musées. En France, l’institution scientifique et pédagogique Deyrolle, fondée en 1831, et qui existe toujours, contribua à enrichir des dizaines de collections, d’oiseaux, de reptiles et de mammifères, tant privées que publiques. C’est donc à partir du milieu du XIXème siècle et tout au long du siècle dernier, que se développa, en Angleterre, en France, puis aux États-Unis et dans le monde entier, le métier « d’empailleur » qui allait devenir taxidermiste.

La maison Rowland Ward à Londres, au XIXème siècle, était la société de taxidermie la plus connue et importante du monde.

Les clients sont essentiellement des chasseurs amateurs de trophées.

Au début, les peaux préparées d’oiseaux, de mammifères ou de reptiles étaient remplies de pailles ou de frisures que l’on modelait selon le corps de l’animal, pour lui donner une apparence de vie. Pour restaurer au mieux les caractéristiques de l’animal et rendre le plus réaliste possible la reconstitution, on utilisait des yeux de verre et de la pâte à modeler pour certains organes, qui ne peuvent pas être tannés, comme la langue. Les clients des « empailleurs », jusqu’au milieu du XXe siècle étaient des particuliers collectionneurs (d’oiseaux  notamment), et pour beaucoup des chasseurs qui faisaient « naturaliser » leurs trophées (têtes de chevreuil, de cerf, de sangliers), voire des oiseaux rares comme certains rapaces (considérés avant 1960 comme nuisibles) ou spectaculaires comme certains canards ou faisans. La grande chasse dans les colonies anglaises comme françaises, fournissait également beaucoup de travail aux « naturalistes » qui empaillaient ce qu’on appelle encore des « têtes en cape » de grandes antilopes (koudous, oryx, gazelles…), de buffles, voire de grands félins (lions, léopards, tigres…). Les grands musées qui devaient entretenir, voire renouveler leurs collections, avaient généralement leurs taxidermistes attitrés.

Dans l'atelier du taxidermiste... un métier qui malheureusement se perd.

Livraison pour un musée d'un éléphant d'Afrique taxidermisé par la maison Rowland Ward.

À partir de la deuxième moitié du siècle dernier et jusqu’à aujourd’hui, même si le métier est en perte de vitesse, on peut véritablement parler d’artisans taxidermistes, pour certains véritables artistes, qui après avoir retiré la peau de l’animal (oiseau, mammifère, reptile, également poissons pour de rares spécialistes), la tanne ou la font tanner par des ateliers spécialisés, en vue de la rendre imputrescible, contre les agressions d’insectes, de vers, de bactéries ou de champignons, qui pourraient s’en nourrir. 

Bien qu'il ne s'agisse pas à proprement parler de taxidermie, les collections de papillons, et plus généralement d'insectes, sont très appréciés comme décoration chez les particuliers comme dans les cabinets de curiosités.

La peau ainsi préservée est ensuite assouplie en vue du montage proprement dit. Avec l’apparition des matières plastiques ou synthétiques, notamment le polystyrène, que l’on peut sculpter ou modeler facilement, il n’est plus nécessaire d’employer de paille ou de frisure. Le taxidermiste fabrique lui-même ou achète un « mannequin » en polystyrène le plus souvent (matière légère et imputrescible, facile à travailler…), ou autre mousse synthétique ou résine, reconstituant la forme générale de l’animal dans une posture donnée. Une fois la peau enfilée sur le mannequin, il est nécessaire de procéder, comme pour un costume sur mesure, à de petites retouches soit sur la peau elle-même, soit sur les formes du mannequin, avant la couture finale. Enfin, pour finaliser la « naturalisation » il faut peindre les lèvres et le pourtour des yeux des mammifères ou les pattes et le bec des oiseaux et placer les yeux de verre. 

Le métier de taxidermiste nécessite des dons certains d'observations des animaux sauvages dans la nature, ainsi que des dons artistiques dans l'atelier, pour « rendre » l'illusion de la vie.

Le
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