Il existe un monde mystérieux.

Un labyrinthe appelant à la flânerie onirique et au réveil de la nostalgie. Dans cet univers aux décors immersifs, l’imaginaire conduit à l’inspiration et à la rencontre de l’autre. De l’inconnu. Le temps s’y est arrêté entre passé et futur, à cet instant où l’impossible devient possible.

Une utopie merveilleuse.

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Les Chalk Streams anglais

Considérés comme la Mecque des rivières à truites, les chalk streams anglais sont dus à une aberration géologique qui remonte à l’ère des dinosaures.

Un pont de pierre datant de plusieurs siècles, une eau calme mais courante, toute la beauté des chalk streams du Hampshire.

Littéralement rivières de craie, c’est-à-dire coulant sur un fond crayeux, recouvrant lui-même un soubassement d’argile imperméable. Ces énormes couches de craie résultent de l’accumulation pendant des dizaines de millions d’années (période du Crétacé et du Jurassique) de minuscules coquilles calcaires d’organismes planctoniques appelés cocolithes. Ces cocolithes sont des algues unicellulaires qui pullulaient dans les mers du Crétacé qui recouvraient à l’époque le bassin parisien et tout le sud de l’Angleterre. Cette gigantesque couche de craie (non comprimée, qui autrement donnerait du calcaire) atteint par endroit plus de trente mètres d’épaisseur. C’est elle qui filtre et purifie l’eau des rivières qui y coulent et leur confère leur extraordinaire transparence.

Caché dans la végétation de la berge, ce pêcheur a repéré une belle truite qui se nourrit à fond de nymphes (larves en fait) d’éphémères.

Le garde-pêche utilise souvent une barque pour faucarder la végétation aquatique, qui autrement proliférerait.

Il existe également des chalk streams en France.

Sur la passerelle de ce chalk stream normand, ce pêcheur attend les gobages.

Car si les « chalk streams » sont surtout connus des pêcheurs à la mouche dans l’ouest du Bassin londonien, la Normandie et la Picardie, à l’ouest et au nord du Bassin parisien, en recèlent d’aussi beaux et majestueux. La Risle, l’Andelle, l’Avre, l’Iton, la Charentonne ou la Durdent n’ont rien à envier à la Test, l’Itchen, l’Avon, la Bourne ou la Kennet, si ce n’est le mode de gestion de la pêche.

Cette photo a sûrement été prise sur un chalk stream français car au pays d’Halford, il est très mal vu de faire du wading dans ce type de rivières.

Depuis la fin du XIXème siècle, les grosses truites anglaises ne sont pêchées qu’à la mouche et remises à l’eau pour la plupart, alors que de ce côté-ci de la Manche, depuis un petit siècle et l’invention de l’automobile, et de la pêche à la cuiller, elles ont été exterminées pour finir dans la poêle ou le congélateur. Exception faite de quelques parcours privés normands sur la Risle ou la Charentonne, vous perdrez votre temps en essayant de lancer une mouche artificielle sur les dizaines de kilomètres de parcours « publics » des autres rivières crayeuses françaises.

Le soir tombe, les éclosions vont bientôt commencer, et c’est à contre-jour que ce moucheur tente de faire le nœud de sa mouche.

Un genou à terre, pour moins se faire voir des truites, la position traditionnelle d’un pêcheur de chalk stream.

Pour revenir aux chalk streams britanniques, où il est très difficile, et de plus en plus onéreux d’obtenir une autorisation de pêche entre mai et début juillet, mois des éclosions des grandes éphémères, nous parlons-là, pour la Test, l’Itchen, l’Avon ou la Kennet du Saint Graal de la pêche à la mouche sèche. Là, où tout « fly fisherman », qui prend sa passion au sérieux, se doit une fois au moins dans sa vie, d’avoir lancé une mouche artificielle flottant haut sur l’eau et si l’on suit les préceptes du grand maître Halford, uniquement vers l’amont.

On peut à la rigueur, quand la rivière est large, avancer de quelques pas dans l’eau, mais jamais plus haut que les genoux. En pataugeant jusqu’au milieu de la rivière, le pêcheur ferait fuir toutes les truites.

Bien caché dans l’ombre du pont, ce pêcheur s’apprête à lancer une nymphe.

C’est en effet à la fin de l’ère victorienne, sur la Test et sur l’Itchen, que Frederic Halford, édicta les règles ou les préceptes de la pêche de la truite à la mouche. Et, encore aujourd’hui, si vous voulez même en payant très cher, y être ré-invité, il vaudra mieux sous peine d’ex-communion, vous y conformer.

Sur la plupart des chalk streams du Sud de l’Angleterre, à intervalles réguliers, des petits bancs de bois, permettent de se reposer tout en attendant les gobages.

Les principaux chalk stream britanniques.

 

L’Itchen. À tout seigneur tout honneur, car si la Test est plus connue que l’Itchen, elle n’est plus aujourd’hui que l’ombre d’elle-même, non pour sa vallée et ses paysages toujours aussi splendides, mais pour ses truites qui à plus de 90 % sont des poissons d’élevage. L’Itchen est certainement avec la Bourne, l’un des deux seuls chalk streams anglais où la souche de truite est ancestrale et sauvage. Dans ces deux cours d’eau, les truites y sont particulièrement difficiles (sélective disent les Anglais) à faire mordre, contrairement aux « bonnes filles » de la Test qui gobent à peu près n’importe quoi.

 

La Test. Elle est la plus longue, la plus large et la plus historique des chalk streams anglais. En fait, d’un point de vue justement historique, c’est une rivière qui n’existait pas au début du XVIème siècle (fin du Moyen-Âge) telle que nous la connaissons aujourd’hui. À sa place de multiples ruisseaux couraient dans un gigantesque marécage insalubre. Avec la toute jeune industrie textile, la laine avait une importance prépondérante, et pour élever des moutons il fallait des prairies et non des marécages. Ce sont des ingénieurs hollandais maîtres en drainage, qui creusèrent, remblayèrent, rectifièrent les courbes et créèrent la Test telle que nous la connaissons aujourd’hui. 

C’est sur la Test à Stockbrige, que fut créé en 1822 le fameux Houghton Club, premier club de pêche à la mouche au monde. 

 

L’Avon. Avec la Test, c’est un des rares chalk streams qui connaît encore des remontées de saumons atlantiques, poissons d’ailleurs considérés comme indésirables par les puristes de la truite, car « dérangeant » ces dernières lors des éclosions de mouches. C’est sur l’Avon, où il était garde-pêche du parcours des « Officiers de la Reine », que Franck Sawyer inventa la technique de la pêche en nymphe à vue avec ses fameuses pheasant tails lestées d’un fil de cuivre. 

 

La Bourne. Minuscule affluent de la Test, la Bourne longue d’une dizaine de kilomètres seulement, n’est qu’un gros ruisseau mais qui du fait d’une richesse extraordinaire en invertébrés aquatiques, héberge des truites sauvages de plus du kilo. 

 

La Kennet. Dans le Wiltshire, au nord-ouest de Londres, la Kennet qui se jette d’ailleurs dans la Tamise, est encore célèbre pour ses grosses truites, malheureusement issues d’élevage aujourd’hui. Avant que la Tamise ne fut trop polluée au début du XXème siècle, d’énormes truites de mer y remontaient pour frayer. C’est d’ailleurs en 1899 avec des œufs fécondés de ces poissons, que furent ensemencées les rivières de la Terre de feu argentine, avec l’immense succès que l’on connaît.

 

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