Il existe un monde mystérieux.

Un labyrinthe appelant à la flânerie onirique et au réveil de la nostalgie. Dans cet univers aux décors immersifs, l’imaginaire conduit à l’inspiration et à la rencontre de l’autre. De l’inconnu. Le temps s’y est arrêté entre passé et futur, à cet instant où l’impossible devient possible.

Une utopie merveilleuse.

Le comptoir général présente

Scroller pour découvrir

Les voyages de pêche

L’herbe est toujours plus verte de l’autre côté de la vallée… Et, même s’il reste des poissons dans quelques-uns de nos lacs et rivières, des pêcheurs aventureux ou simplement curieux, n’hésitent pas à voyager loin pour assouvir leur passion pour la pêche.

Loin ne veut d’ailleurs pas forcément dire à l’étranger et étranger ne veut pas forcément dire loin de la France. N’oublions pas, qu’avant disons le début des années soixante du siècle dernier, partir pêcher depuis Paris, Lille, Lyon ou Marseille, le saumon dans le Haut-Allier ou sur le Gave d’Oloron, relevait d’une petite expédition. Il n’empêche, quelques-uns de nos parents et grands-parents, avec la démocratisation et le développement des transports aériens, allaient découvrir dans l’immédiat après-guerre, la pêche touristique telle que nous la connaissons aujourd’hui, dans les pays européens voisins comme l’Écosse, l’Irlande ou l’Autriche, voire à partir des années 80, l’Alaska, l’Australie ou le Canada.

Sur le gave d’Oloron, au début des années soixante.

En Europe et dans le monde.

Remarquons-le ici, le développement de moyens de transports modernes comme l’automobile et l’avion, ainsi que leur généralisation, coïncident assez bien chronologiquement, sans qu’il y ait relation de cause à effet, avec l’appauvrissement de nos eaux publiques. Ce sont en fait, surtout les pollutions industrielles et citadines, l’aménagement de micro-centrales électriques et surement plus que tout, l’absence de gestion piscicole et l’incompétence des fédérations de pêche et des autorités de tutelle, qui ont conduit en l’espace d’un petit quart de siècle (disons de 1960 à 1985), à la situation catastrophique de la pêche publique française des espèces nobles, salmonidés et carnassiers, telle que nous la connaissons encore aujourd’hui.

Dans le Herefordshire, à la limite du Pays de Galles, la rivière Wye coule dans une somptueuse vallée et fut jusqu’au début des années 70, une des meilleures rivières à gros saumons des Îles britanniques.

En dehors de leur attrait touristique, les gorges du Tarn recèlent encore de bons parcours publics à grosses truites.

Bien évidemment ce sont les pêcheurs français de saumons et de truites, les premiers, qui s’expatrièrent quelques semaines par an, vers les eaux mieux gérées des pays anglo-saxons, scandinaves ou d’Europe centrale. Jusqu’au milieu des années soixante, les remontées de saumons, s’étaient maintenues  dans les cours d’eau bretons, dans l’Allier et le Gave d’Oloron. Peut-être plus déjà, comme on les avait connues avant-guerre, quand les riches anglais délaissaient l’Écosse ou la Norvège pour pêcher en Auvergne ou sur le Gave d’Oloron, mais encore suffisamment, pour satisfaire des pêcheurs locaux, dont beaucoup s’arrondissaient les fins de mois, voire vivaient, de la vente (tolérée) des saumons pris à la ligne. Le saumon était à l’époque – c’était bien avant qu’on éleva ce poisson par centaines de milliers de tonnes dans des cages d’aquaculture – le poisson le plus prestigieux et de loin le plus cher sur l’étal des poissonniers.

Aux États-Unis, les « outdoor games», littéralement sports de plein air, que ce soit pour la pêche ou pour la chasse, sont pratiqués en famille, depuis les années trente par des millions de passionnés.

Pour la truite, la Loi Guillon votée par le parlement en 1960, arriva hélas trop tard. Cette loi, toujours en vigueur, qui interdit la vente aux restaurants, des truites et des ombres capturés à la ligne, ne pût permettre aux populations salmonicoles décimées par les pêches au toc et à l’asticot, de se reconstituer. Seules les pêches privées de Normandie (proximité de Paris) et de Franche Comté (proximité de Lyon et Genève), purent encore rivaliser jusqu’au début des années 70 avec les parcours à truites des Îles britanniques, d’Autriche ou de Scandinavie. Mais dans les eaux du domaine public ou gérées par les Associations agréées de pêche et de pisciculture (AAPP), à partir du milieu des années 60, que ce soit pour la truite, l’ombre ou le saumon, il n’y eut très vite, plus rien ou presque à pêcher. La Pêche française pourtant autoproclamée, congrès après congrès, par ses dirigeants comme “la meilleure et la plus démocratique du… monde” n’était en fait, même si elle était gérée par des notables de province, que l’exact reflet d’une gestion communiste à la sauce soviétique : plus rien à pêcher ou presque, mais gratuite et pour tout le monde. Fermons le ban.

Du nom du député Guillon, la loi éponyme votée en 1960, interdit la vente des salmonidés sauvages.

De l’Autriche à la Nouvelle-Zélande, évasion de devises.

Dans des paysages de lave basaltique, les rivières islandaises qui n’ont jamais connu la moindre pollution, attirent les pêcheurs de saumons du monde entier.

Ce sont donc les hôteliers et restaurateurs irlandais, écossais, autrichiens dans un premier temps, puis ensuite de pays plus éloignés, au fur et à mesure que les transports aériens se développaient, qui se frottèrent les mains pour accueillir les pêcheurs français de truites, de saumons mais aussi de brochets. À partir des années 80, c’est vers des destinations plus lointaines comme l’Alaska, le Québec, l’Islande voire la Nouvelle-Zélande, que de plus en plus de pêcheurs sportifs français, s’envolaient tous les ans plus nombreux.

Devant la pauvreté de nos eaux et la gestion déplorable de nos ressources piscicoles, Air France ne risque pas de faire une publicité basée sur la pêche sportive, pour attirer de potentiels touristes étrangers.

S’il y avait eu, comme seulement encore au milieu du siècle dernier, des saumons dans l’Allier ou les Gaves pyrénéens, des grosses truites sauvages un peu partout dans nos provinces, et des brochets dans nos rivières publiques, certainement serions-nous moins nombreux à dépenser nos devises et à braver les aléas et les risques des voyages de pêche… Seulement voilà, après un siècle d’industrialisation, de barrages et de pollutions, suivi d’un demi-siècle d’agriculture intensive aux nitrates et pesticides, et surtout d’incurie administrative et législative en matière de gestion halieutique, il ne reste plus grand-chose aujourd’hui, à pêcher dans notre douce France, hormis des carpes, des brèmes, des silures ou des truites “à manches courtes” de bassines ou de lessiveuses. Les voyages de pêche ont donc de beaux jours devant eux et il n’est pour s’en persuader que de feuilleter tous les mois les magazines spécialisés dans lesquels à grands renforts de publi-reportages et d’encarts publicitaires on nous vante les brochets d’Irlande, les truites d’Argentine ou de Nouvelle-Zélande, les ombres de Pologne ou les saumons d’Islande ou de Russie.

Pourtant aux antipodes, la Nouvelle Zélande, attire tous les ans de nombreux pêcheurs européens y compris Français.

Le
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