Il existe un monde mystérieux.

Un labyrinthe appelant à la flânerie onirique et au réveil de la nostalgie. Dans cet univers aux décors immersifs, l’imaginaire conduit à l’inspiration et à la rencontre de l’autre. De l’inconnu. Le temps s’y est arrêté entre passé et futur, à cet instant où l’impossible devient possible.

Une utopie merveilleuse.

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Les leurres en bois

Inventés au milieu du XIXème siècle aux États-Unis, les leurres de pêche en bois destinés au début, essentiellement à la pêche du black-bass, sont devenus incontournables de la pêche des carnassiers en général.

Entre 1920 et 1960 la société Creek Chub a commercialisé des centaines de modèles.

Si nous feuilletons les pages des catalogues Manufrance des années vingt à cinquante, ou ceux de maisons célèbres comme Louis Perrot, le Pêcheur Breton, le Pêcheur écossais ou Wyers frères, force est de constater que presque tous les modèles de « poissons » dits nageurs, sont importés des États-Unis.
La maison Hardy au Royaume-Uni en a bien réalisé quelques modèles, mais qui étaient, en fait, copiés sur les poissons nageurs en bois d’outre-Atlantique. Bien avant la Première Guerre mondiale, plusieurs sociétés américaines Shakespeare, Creek Chub Bait Company, Heddon et beaucoup d’autres, fabriquaient des dizaines de modèles de leurres presque toujours agrémentés d’yeux en verre, articulés ou non, destinés aux black-bass, aux brochets et autres
maskinongés.

Entre les années vingt et soixante, des dizaines de fabricants artisanaux ou industriels créèrent des centaines de modèles de leurres différents, qui continuent aujourd’hui de prendre des poissons, mais dont beaucoup sont devenus des objets de collection. Parmi les marques les plus connues, citons Heddon, Dowagiac, Creek Chub Bait Company (CCBCO), Flatail, Paw Paw, Shakespeare, Kazoo, Oreno et bien d’autres encore, dont certaines sont encore en activité, même si les modèles des années trente à cinquante sont aujourd’hui réalisés en matière plastique, et n’ont bien évidemment pas la moindre valeur de collection…

 

Les leurres en bois Heddon sont parmi les plus recherchés par les collectionneurs.

Un des tout premiers leurres fabriqués par Lauri Rapala, précieusement conservé.

C’est vers le milieu des années trente, en 1936 pour être précis, qu’a été inventé le poisson-nageur dont le nom comme Frigidaire, allait devenir synonyme de ces types de leurres.

Cette fois, c’est en Finlande, qu’un pauvre pêcheur qui avait du mal à nourrir sa famille, Lauri Rapala, créa avec un morceau d’écorce de pin et un couteau, l’ébauche du premier poisson-nageur, qui allait ensuite être développé par ses fils et vendu à plus d’un milliard d’exemplaires dans le monde entier. La légende Rapala était née.

Lauri Rapala sculptait ses premiers leurres dans de l'écorce de pin des forêts finlandaises.

Comme Frigidaire, Rapala est passé dans le langage courant.

Dans les années 60-80, notre pays était le troisième importateur de Rapalas, derrière les États-Unis et le Japon. Comme Frigidaire, donc, Rapala est passé dans le langage courant comme synonyme de poisson-nageur. Mais les vrais pêcheurs, quand ils disent Rapala, c’est un vrai poisson nageur de cette marque qu’ils veulent au bout de leur ligne. Pas une de ces innombrables imitations, qui sous un « blister » de grande surface, ou sur le comptoir du détaillant, peuvent faire illusion, mais qui dans l’eau se révèlent de pâles copies, des clones malhabiles, nageant en crabe ou tournoyant dès qu’on accélère la vitesse de récupération.

Chez Rapala, les modèles originaux sont toujours, comme il y a près de quatre-vingt ans, fabriqués à la main en Finlande et testés un par un pour vérifier leur équilibre et leur nage. Leur prix s’en ressent certes mais leur action « en pêche », quel que soit le modèle, reste à ce jour inégalée.

Les premiers modèles de Rapala commercialisés étaient flottants.

La première usine Rapala en Finlande dans les années soixante.

Une réclame américaine des années soixante.

Aujourd’hui, marketing oblige, la marque offre plus d’une centaine de modèles de leurres en bois différents, mais du temps de Lauri Rapala et de ses trois fils, plus des trois-quarts des pêcheurs de truites ou de carnassiers utilisaient presqu’exclusivement le modèle dit « original », flottant, dans les tailles de 5 à 9 centimètres.

Pour la truite, la couleur favorite était le « doré à dos noir » et pour le brochet ou la perche, l’« argenté à dos bleu ». Il est vrai que le premier imitait assez bien la couleur d’un vairon, et le deuxième, une ablette ou un petit gardon.

Aujourd’hui, les coloris se déclinent en centaines de teintes et d’imitations, certaines extrêmement réalistes, mais une telle diversité n’est-elle pas faite avant tout pour prendre les pêcheurs plutôt que les poissons ? Reconnaissons, cependant ici, que les couleurs fluo, bien peu naturelles et imitatives, que beaucoup de vieilles mains, contrairement aux jeunes générations de pêcheurs, répugnent à attacher au bout de leur ligne, sont toutefois très efficaces notamment dans les eaux teintées en période de crue. 

Le pauvre pêcheur finlandais a donné son nom aux leurres en bois les plus célèbres dans le monde.

Lauri Rapala, même devenu riche, continuait de pêcher sur les magnifiques lacs de son pays natal.

Quant à la taille des modèles employés, nos parents, mais c’était également vrai quand ils pratiquaient à la cuiller, répugnaient à employer de grands leurres. On peut les comprendre quand ils recherchaient la truite ou la perche, mais quand il s’agissait de maître Esox, ils avaient tout faux.

Au brochet, il ne faut pas avoir peur d’employer un Rapala de plus de 12 ou 15 centimètres. Rappelons-nous qu’un poisson carnassier, en eau douce comme en eau salée, sautera quitte à risquer de périr étouffé, sur tout autre congénère de taille même seulement légèrement inférieure à la sienne. 

L'œil malicieux de Lauri Rapala qui fait semblant d'inspecter un leurre sorti de l'usine qui porte son nom.

Le
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