La collection de pêche
La collection de pêche
Bien plus que les chasseurs, les pêcheurs sont collectionneurs. Beaucoup plus, d’ailleurs, dans les pays anglo-saxons (Royaume-Uni, États-Unis), scandinaves voire au Japon, que chez nous, où cependant quelques amateurs d’articles de pêche avisés, ces dernières années, commencent à se constituer de belles collections.
À cela deux principales raisons : d’une part, les articles de pêche (moulinets, cannes, épuisettes, gaffes, leurres, mouches, accessoires divers, etc.) se déclinent à l’infini contrairement aux objets de chasse beaucoup plus restreints (fusils, carabines, appelants…), mais surtout, alors que pour une collection de beaux fusils de chasse, il faut compter en dizaines voire en centaines de milliers d’euros, pour la pêche, le collectionneur de leurres ou de moulinets peut en chinant sur les brocantes, voire en visitant le grenier du grand-père se faire plaisir gratuitement ou avec quelques dizaines d’euros en poche…
Il pourra même peut-être vous arriver, si votre père ou grand-père était pêcheur à la mouche ou au lancer, de découvrir dans une vieille musette, des moulinets ou des boîtes de mouches ou de leurres datant d’avant-guerre.
À l’époque, de nombreux moulinets et leurres étaient importés du Royaume-Uni ou des États-Unis, et peuvent représenter, s’ils sont en bon état, de coquettes sommes sur le marché de la collection.
Comment apprécier l’ancienneté et la cote d’un objet de pêche ?
La meilleure façon de connaître la date de fabrication, et donc de mise sur le marché d’une canne, d’un leurre ou d’un moulinet, est de retrouver dans les magazines de pêche d’autrefois, la première publicité – on parlait de réclame avant-guerre – concernant cet objet. Le mois et l’année de parution du magazine –les premiers datent de 1880– vous renseigneront alors très précisément.
À partir du début du XXème siècle, les mensuels La Pêche illustrée, puis ensuite La Pêche indépendante et Au Bord de l’Eau sont une véritable mine de renseignements pour les articles de pêche français fabriqués entre 1900 et 1960.
Les catalogues de fabrique (Pezon & Michel, Perrot) ou de distribution (Manufrance, Au Pêcheur écossais, Wyers, etc.) sont également très précieux.
Plus récemment, devant le petit engouement de la collectionnite « Pêche », de nombreux ouvrages en langue française consacrés aux moulinets, aux cannes, et surtout aux leurres sont parus. Certains, en petit format, sont pratiques pour emporter facilement dans la poche, lorsque l’on fait les brocantes ou les vide-greniers.
Outre la description précise des objets, cannes, moulinets ou leurres, ils donnent généralement une cote, bien utile pour avoir une idée du prix actuel, sur le marché de la collection, sinon de l’occasion.
Le beau matériel de pêche ancien peut être éminemment collectionnable.
Même s’ils n’ont pas toujours de valeur marchande, de vieux moulinets ou des vieilles cannes, notamment de pêche au coup en roseau ou bambou brut, que l’on trouve souvent en « fagot », peuvent être très intéressants pour décorer un vieux mur dans une maison de campagne. Il en est de même de vieux paniers en osier, ou de sceaux dits « à vifs » en tôle peinte, généralement en vert, ou en zinc brut. Si vous en dénichez beaucoup, ces sceaux à vif, sont du plus bel effet, simplement posés, à droite ou à gauche, sur les marches d’un escalier.
Pour ce qui est des « bouteilles » à goujon ou à vairons, en verre transparent soufflé, dont bien peu ont survécu intactes aux chocs répétés dans le fond des rivières, ce sont là des objets de collection, qui disposés sur une étagère, intrigueront vos visiteurs.
Je suis toujours étonné que les cannes de pêche au coup, encore appelée « pêche au bouchon », en roseau ou bambou ligaturées de fils de couleurs vives, qui traînent partout dans les greniers, ne soient pas plus mises en valeur, simplement accrochées par deux ou trois petits clous sur un mur avec quelques gravures encadrées de vieux magazines du Chasseur français, ou d’autres revues de pêche anciennes…
Chasseurs de trésors aquatiques : de la richesse des anciens moulinets aux cannes en bambou refendu, un voyage dans le monde de la collection de pêche
Les objets de pêche, relevant de la collection, vont des vieux moulinets simples, en bois, en cuivre ou en bronze… et, bien sûr, des anciens moulinets multiplicateurs ou à « tambour-fixe », datant des années 50 ou 60, sans oublier bien sûr, les modèles à mouche pour la truite ou le saumon…, dont certains de fabrication anglaise ou américaine, qui étaient importés en France, valent de petites fortunes. Jusqu’à plusieurs dizaines de milliers d’euros, pièce pour certains modèles de marque Hardy notamment…
À partir de 1970, pour les moulinets, vous ne trouverez généralement que des « japonaiseries » qui n’ont aucun intérêt dans une vitrine. Pour les cannes, celles dignes d’être collectionnées et chéries, qu’elles soient à mouche ou à lancer, sont facilement reconnaissables à leur construction en bambou refendu, de couleur généralement blonde ou ambrée, avec des ligatures en soie fine, de couleur le plus souvent verte ou rouge.
Avant le bambou refendu, mais elles sont plus difficiles à trouver, car fabriquées surtout au Royaume-Uni ou aux États-Unis, les cannes en greenheart ou « bois de lance », datant des années 1850, sont devenues des objets rares, bien que moins belles que les cannes en refendu.
Le matériel moderne importé d’Asie du Sud-Est n’a aucun intérêt pour la collection.
Révolution des cannes à pêche : du charme du bambou refendu à la tendance actuelle des modèles vintage
À partir de 1960, la fibre de verre, creuse ou pleine, a remplacé le bambou refendu, pour les cannes à lancer et à mouche et surtout après 1976, pratiquement toutes les fabrications jusqu’à aujourd’hui, sont en fibre de carbone, voire de Kevlar pour certaines marques.
Ces cannes construites industriellement en Asie du Sud-Est, n’ont bien évidemment aucun intérêt pour la collection.
Pour revenir aux cannes en refendu, surtout à mouche, mais également à lancer ultra-léger, elles connaissent actuellement auprès des pêcheurs anglais et surtout américains, un très net regain d’intérêt pour ne pas dire mode.
Il est vrai que pour les modèles inférieurs à dix pieds, soit environ trois mètres et bien sûr les modèles de 6 à 8 pieds, ces cannes rivalisent en tous points avec les meilleurs modèles en fibre de carbone, et qu’en outre, question beauté de l’objet, il n’est même pas besoin de l’évoquer.
Le paradoxe des cannes à mouche : entre tradition et modernité, la résurgence de la fibre de carbone face à l’éclat intemporel du bambou refendu
Le paradoxe est qu’aujourd’hui une canne à mouche de marque renommée américaine ou anglaise en fibre de carbone, coûte en général deux fois plus cher, qu’un modèle équivalent en refendu de deuxième main (souvent presque neuve).
Dans notre pays, quelques moucheurs experts, dans le sillage des Américains ou des Britanniques, commencent à collectionner et surtout à pêcher avec des cannes en refendu. Il est vrai que de la fin des années 30 à 1980, soit pendant un bon demi-siècle, la maison Pezon & Michel d’Amboise, a fabriqué des milliers et des milliers de cannes à mouche et à lancer en bambou refendu, qui pour la plupart des modèles valaient largement les meilleurs modèles anglais de la célèbre firme Hardy.
Compte tenu de leur prix élevé (mais très justifié) à l’époque, ces cannes étaient presque toujours très bien entretenues et conservées par leurs utilisateurs, ce qui explique qu’on en trouve, encore aujourd’hui, d’excellents modèles en parfaite condition, (les fameuses “Parabolic” et P.P.P) pour pêcher et ou collectionner… Les deux n’étant d’ailleurs nullement incompatibles.
Et, cerise sur le gâteau, mais nous l’avons déjà dit, pour un prix souvent inférieur de moitié à une canne neuve en fibre de carbone fabriquée en grande série en Corée ou à Singapour.