Le lancer de Charles Ritz
Le lancer de Charles Ritz
Toute l’activité de création, d’invention, de perfectionnement des cannes est indissociable chez Charles Ritz de la mise au point de ses techniques de lancer.
Son grand plaisir était de démontrer que n’importe qui, homme, femme ou enfant, peut, après quelques heures de pratique selon ses conseils, étendre facilement quinze bons mètres de soie. Si cela nous paraît simple aujourd’hui avec les cannes en carbone et les soies en plastique, c’est aussi parce que justement Charles Ritz a réussi à démythifier l’apprentissage du lancer tel qu’il était pratiqué à l’époque. Souvenons-nous : au garde à vous, coude au corps avec un livre, si possible le Précis de la mouche sèche, de Frederic Halford, coincé sous le bras… Tout dans le poignet selon les maîtres britanniques… Tout dans le bras disait Charles Ritz.
« Personne ne pourra pêcher aussi bien que monsieur Charles. »
Ce fut tout d’abord la technique du lancer HS/HL, pour High Speed/ High Line (grande vitesse/Ligne haute), que les Américains adaptèrent aussitôt. Cette technique, rendue possible par l’action nerveuse et rapide des PPP, il l’améliora encore à la fin de sa vie avec la méthode IFC (Instant Fly Casting mais qui était aussi un clin d’œil pour International Fario Club). Cette méthode révolutionnaire pour apprendre à lancer à un débutant complet se basait sur la mise en action immédiate (instant casting) de la pointe de la canne par le bras du lanceur. Les cannes Mitchell Ritz furent spécialement mises au point pour cette technique, mais c’est deux années plus tard, l’avènement du graphite qui allait en permettre le plein développement.
Charles Ritz a réussi à démythifier l’apprentissage du lancer.
Aujourd’hui, toutes les écoles de lancer américaines – il y a vingt millions de pêcheurs à la mouche aux États-Unis – s’inspirent encore de cette méthode. S’il fut un inventeur et technicien de génie, un lanceur inné et de très grand talent, Charles Ritz fut aussi un fantastique pêcheur. Bien sûr, a-t-on entendu dire ici ou là, pas étonnant qu’il ait pris de nombreux et gros poissons. À l’époque, même sur les parcours publics français il y avait de beaux poissons et lui pêchait les meilleurs et les plus privés parcours d’Europe, de l’Autriche à la Norvège, en passant par l’Écosse et la Bavière.
Ernest Hemingway qui se vantait d’avoir libéré le Ritz en août 1944 lui a rendu justice sur ce point. Dans la préface à la première édition américaine de A Fly Fisher’s Life (Une vie de pêcheur à la mouche, traduction en fait de Pris sur le Vif), papa Ernest, qui savait de quoi il parlait quand il s’agissait de pêche à la mouche, a écrit : « Dans le monde d’aujourd’hui très peu de gens auront la possibilité de pêcher autant que monsieur Charles. Quand bien même, encore moins pourront jamais pêcher aussi bien. »