La pêche à la Préhistoire
La pêche à la Préhistoire
La fabuleuse histoire de l’invention de l’hameçon date de l’époque magdalénienne, entre 12 000 et 15 000 ans avant Jésus-Christ.
Bien avant l’époque magdalénienne, au paléolithique, nos plus anciens ancêtres directs appelés « hommes de Cro-Magnon », pêchaient ou plutôt chassaient les poissons avec des arcs et des flèches ou avec des harpons. C’est en effet dans l’abri dit de « Cro-Magnon » qui surplombe la rivière Vézère aux Eyzies-de-Tayac, (non loin de la grotte de Lascaux dans le Périgord), qu’ont été découverts au milieu du XIXème siècle, les restes fossiles les plus complets de notre espèce Homo sapiens, vieux d’environ quarante mille ans. Et, parmi les nombreux ossements et squelettes humains découverts là, au milieu de restes de repas contenant des milliers de vertèbres de saumons, d’anguilles et de truites, ont également été découverts des dizaines de pointes de harpons ou de foënes en os, en corne, en bois durci ou en silex, qui témoignent que ces hommes de Cro-Magnon mangeaient, à certaines époques, notamment lors des migrations des saumons ou des anguilles, autant de poissons que de gibier. On ne peut douter que la faune aquatique (poissons, crustacés et coquillages), beaucoup moins dangereuse et plus facile à capturer y compris par les femmes et les enfants, que la faune terrestre, est très tôt entrée dans le régime alimentaire régulier des hommes préhistoriques.
Le fait que la plupart des vestiges des premiers âges de l’humanité ont été trouvés au bord des cours d’eau ou de lacs, n’est pas dû au hasard ou au simple besoin d’approvisionnement en eau. Les harpons et les foënes, dont les pointes, sont retrouvés sur de nombreux sites lacustres ou fluviaux, prouvent que les armes de jet étaient utilisées pour les poissons comme pour le gibier.
C’est ensuite, au cours de la période magdalénienne (de 16 000 à 12 000 ans avant notre ère) qu’apparaît la fabuleuse invention de l’hameçon. Au début, c’est un simple bâtonnet d’os ou de bois appointé à ses deux extrémités et qui se met en travers de la gorge du poisson, quand on exerce une traction sur la cordelette qui est fixée en son milieu. L’os, le silex et surtout les coquillages furent ensuite taillés et polis en forme de crochet assez grossiers, mais néanmoins efficaces. Mais c’est bien évidemment l’âge du bronze (au troisième millénaire avant notre ère), qui va permettre le perfectionnement de l’hameçon à peu de chose près, très semblable à ce que nous connaissons aujourd’hui. Paradoxalement, l’avènement de l’âge du fer (qui débute en Europe autour de 800 ans avant notre ère), décisif dans d’autres domaines, la chasse et l’agriculture notamment, n’a guère fait progresser les techniques de pêche. Utilisés dans l’eau ou au bord de l’eau, tant qu’ils ne seront pas étamés (invention gauloise du début de notre ère), les objets en fer et notamment les hameçons, rouillaient trop facilement. L’importance des peuplements de certaines cités lacustres, nous fait suspecter que seul l’emploi de ces engins permettait de nourrir un nombre important d’habitants.
À l’inverse des mailles en fibres végétales, les lests des filets en pierre se sont conservés.
Les filets dont les vestiges se sont évidemment moins bien conservés que les pointes de harpons ou les hameçons, semblent néanmoins avoir été inventés très tôt par nos ancêtres. L’importance des peuplements de certaines cités lacustres nous fait suspecter que seul l’emploi de ces engins permettaient de nourrir un nombre important d’habitants, notamment sur de grands lacs comme le Léman. Mais bien avant l’invention des filets, des vestiges de pièges ou trappes réalisées en bois durci et en pierres, ont été retrouvés dans le lit de la rivière Vézère, non loin des grottes de Lascaux et datés de plus de trente mille ans. Il ne fait aucun doute que nos ancêtres avaient remarqué qu’au printemps des dizaines de milliers de saumons remontaient depuis l’océan par la Dordogne, puis la Vézère pour aller se reproduire en amont. Il était alors facile de les guider, dans les endroits peu profonds de la rivière, par des « barrières » en pieux de bois durcis au feu, ou en pierres, jusqu’à une trappe finale où il devenait facile de les harponner ou même de les prendre à la main.