Il existe un monde mystérieux.

Un labyrinthe appelant à la flânerie onirique et au réveil de la nostalgie. Dans cet univers aux décors immersifs, l’imaginaire conduit à l’inspiration et à la rencontre de l’autre. De l’inconnu. Le temps s’y est arrêté entre passé et futur, à cet instant où l’impossible devient possible.

Une utopie merveilleuse.

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La pêche au lancer

Véritable révolution de la pêche sportive, au cours de la première moitié du siècle dernier, la pêche au lancer dit léger, en permettant à tous les pêcheurs, après un apprentissage rapide, de « ratisser » à la cuiller, nos rivières à truites et à brochets, est la principale cause (la pollution de ces cours d’eau n’existait pas à l’époque) de l’appauvrissement voire de la quasi disparition de ces espèces, un peu partout dans notre pays.  

Contrairement à la pêche à la mouche artificielle dont on peut faire remonter l’origine, en Macédoine, au IIème siècle de l’ère chrétienne, et qui pendant presque deux millénaires pu être pratiquée sans moulinet (à la volante), la pêche au lancer, qu’il soit qualifié de lourd, léger ou ultra-léger, est, elle, indissociable de l’usage d’un moulinet et plus particulièrement d’un modèle dit « à lancer ».

Pêche au lancer lourd avant-guerre.

Trop sophistiqué, ce moulinet combinant la mouche et le lancer fut un flop total.

Au départ, était la pêche au lancer dite

« à l’américaine ».

La pêche dite « au lancer à l'américaine », apparut en France au début du XXe siècle, consistait à utiliser un moulinet à tambour-tournant dit à quadruple multiplication.

Le « spinning », terme anglosaxon, désigne la pêche au lancer avec un moulinet à tambour-fixe.

Avant l’invention du « moulinet à tambour-fixe » – en fait une boîte vide de petits pois dont le fond était fixé sur un bâtonnet – par le vicomte Henry de France en 1903, n’existaient que des moulinets en cuivre ou en laiton, de type treuil, qui ne permettaient absolument pas de lancer.

Reconnaissons tout de même que, dès la fin du XIXème siècle, les plus fortunés des pêcheurs sportifs britanniques ou français pouvaient trouver, chez de rares importateurs, des moulinets à quadruple récupération importés d’Amérique, dits justement « pour la pêche au lancer à l’américaine ».

Mais ces engins coûtaient chers et quand, lors du lancer, leur déroulement ne se faisait pas sous le contrôle de mains expertes, c’était la perruque assurée et la fin de la partie de pêche. 

Alors que le vicomte Henry de France utilise sa « boîte de petits pois » pour pêcher dans ses étangs de la Somme, il établit également des records de distance dans les concours de lancer du « Casting Club de France » où en 1910, il remporte les premiers prix pour les lancers « distance » aux poids de 15 et 7,5 grammes atteignant des distances respectives de 48 mètre 55 et de 43 mètres 50.

Mais son moulinet, il le reconnaît lui-même, était trop rustique pour être commercialisé et il faudra attendre le milieu des années trente pour trouver sur le marché les premiers modèles de moulinets manufacturés dits à « tambour-fixe ».

Le très « sélect » Casting Club de France organisait les premiers championnats internationaux de France au Cercle du tir aux pigeons du Bois de Boulogne.

Dans son livre publié en 1913, le vicomte Henry de France est représenté sur la couverture avec sa fameuse « boîte vide à petits pois », véritable ancêtre du moulinet à tambour-fixe.

Puis arriva le moulinet à tambour-fixe.

Le Luxor Luxe de Pezon & Michel fut un des meilleurs tambour-fixe jamais fabriqué.

Fabriqué à des millions d'exemplaires, le fameux Mitchell 300 se déclinait en 301 pour les gauchers.

Et là, pour une fois, il ne s’agissait pas de modèles importés du Royaume-Uni ou des États-Unis, mais de moulinets de fabrication bien française.

Au premier rang de ces fabricants, nous retrouvons dès 1936 la firme Pezon & Michel qui a, pendant un demi-siècle, commercialisé les fameux Luxor mais c’est surtout la maison Mitchell de Cluses en Haute-Savoie qui, de 1945 à 1975, fut le premier fabricant mondial de moulinets, et qui dès 1971, fêtait la sortie de ses chaînes d’assemblage, de son 20 000 000ème moulinet.

Au milieu des années 60, il y a près de

5 millions de pêcheurs français.

Dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le baby-boom, qu’a connu notre pays, allait bien évidemment contribuer également à renforcer ses bataillons de pêcheurs et il est significatif que l’année 1964 avec un peu plus de trois millions de permis de pêche vendus, marque le pic de vente des cartes de pêche à la ligne.

À l’époque, au milieu des années 60, dans une France de cinquante millions d’habitants, il y avait si l’on tient compte des exemptés de la taxe piscicole surement pas loin de cinq millions de pêcheurs dans notre pays. 

Carte de pêche de 1957 avec son timbre piscicole, qui est en fait un véritable impôt collecté par le ministère des Finances.

Aux États-Unis, avant l'apparition de la fibre de verre, quelques firmes fabriquèrent des cannes à lancer en acier tubulaire.

Durant cette période –disons de 1945 à 1970–, l’aspect sportif, ludique, dynamique de la pêche au lancer attira beaucoup plus les  jeunes générations que la statique pêche au coup de nos parents et grands-parents. Et, le principal responsable de tous ces bouleversements qu’a connu notre loisir est bien le moulinet à tambour-fixe.

Entre 1930 et 1970, ce type de moulinet qui allait faire la preuve de sa simplicité et de son universalité d’emploi a véritablement révolutionné la pêche en général et celle dite au lancer en particulier.

Avec, hélas, pour corolaire, un très rapide appauvrissement de nos eaux à truites et à carnassiers. Les Britanniques, dans leur grande sagesse, ont très rapidement interdit l’utilisation de la pêche au lancer, aux leurres métalliques ou aux « Rapalas » dans leurs eaux à truites et à saumons.

Un beau brochet prit à la cuiller ondulante.

Les cannes à lancer léger, lourd et mi-lourd, de la maison Pezon & Michel, en bambou refendu, sont de 1950 à 1965 les meilleures du monde.

La grande force de la maison Pezon & Michel fut d'associer à la série des cannes Télébolic les fantastiques moulinets Luxor de P. Mauborgne, ainsi que toute une gamme de leurres adaptés au lancer.

Dès 1937, Pezon & Michel associe un moulinet Luxor avec une canne de puissance adaptée au lancer léger, lourd ou mi-lourd.

Mais pour pêcher au lancer, que ce soit pour la truite, la perche ou le brochet, il faut que le « tambour-fixe » soit monté sur le talon d’une canne dite justement à lancer. Et, si dès la fin des années trente, la maison Pezon & Michel d’Amboise commençait à concurrencer sérieusement la célèbre maison anglaise Hardy Brothers, dans la fabrication ou plutôt la construction de cannes à mouche comme à lancer en bambou refendu, à partir de la fin de la guerre, en s’adjoignant l’exclusivité de la collaboration de Charles Ritz, Pezon & Michel allait jusqu’au début des années soixante, réaliser les meilleures cannes à lancer (série des Luxor et surtout des « télébolic »), qui soient au monde.

Le seul inconvénient de ces cannes était leur prix qui dans les années cinquante représentait l’équivalent d’un mois de salaire d’un ouvrier qualifié. Et, bien des pêcheurs ne pouvaient que rêver d’en avoir une. En outre, surtout dans les modèles légers ou ultra-légers, pour la truite notamment, ces merveilleux fleurets étaient très fragiles.

Beaucoup de pêcheurs se bricolaient donc, à partir de scions de cannes au coup en bambou blanc ou noir, assujettis d’anneaux en fil de fer et de rondelles de liège pour la poignée, des « ersatz » de cannes à lancer mais qui manquaient de nervosité permettant des lancers de précision.

Henri Dubois, ingénieur des PTT et pêcheur passionné, inventa les premières cannes en fibre de verre.

Heureusement dès le début des années soixante, et, là encore, c’est une invention française, apparurent les premières cannes en fibre de verre creuse. Henri Dubois, ingénieur des PTT et pêcheur passionné, eut l’idée d’utiliser les gaines en fibre de verre d’isolation des fils de communication téléphonique, pour en en modifiant le profil, faire des cannes à lancer (puis également à mouche), très légères, résistantes, nerveuses et surtout très rapidement d’un prix abordable pour tous les pêcheurs.

Dénommées « Télébolic-verre », les cannes à lancer en fibres de verre creuse imitaient presque à la perfection la fabuleuse série des « Télébolic » en bambou refendu mises au point par Charles Ritz trente ans auparavant.

Les cannes à lancer en fibre de verre creuse de marque française Lerc puis copiées par les Américains sous le nom de Conolon envahirent le marché. De ce fait, tous les fabricants d’articles de pêche français et étrangers se lancèrent dans leur fabrication.

Encore une fois, c’est Pezon & Michel qui, avec sa série des « télébolic-verre » BB1, BB2, BB3 et BB4, domina, et de loin tous ses concurrents. Jusqu’à l’invention outre-Atlantique des cannes en fibre de carbone en 1976. Ainsi, pendant une quinzaine d’années, la série des « Télébolic » vendue dans le monde entier permit une pêche ludique, sportive et démocratique pour tous. 

 

Le tambour-fixe et l’invention du Nylon révolutionnèrent la pêche au lancer.

Parfaitement adapté au tambour-fixe, c’est le Nylon, inventé par les Américains (Dupont de Nemours) durant la Seconde Guerre mondiale (pour la fabrication de toile de parachute notamment), puis très vite après la fin des hostilités, utilisé comme fil de pêche, qui allait lui aussi véritablement révolutionner la pratique de notre loisir.

Lisses, souples, imputrescibles, résistants à l’abrasion et surtout transparents, invisibles sous l’eau, les fils de Nylon ont, dès leur apparition sur le marché, relégué au rayon des antiquités les soies tressées et apprêtées et surtout les « guts », tous matériaux qui vieillissaient mal, une fois mis au contact de l’eau et qui pourrissaient rapidement.

Tambour-fixe et fil de Nylon furent un véritable duo gagnant, dont vont profiter trois générations de pêcheurs sportifs jusque vers la fin des années 80 et l’apparition des tresses en polyéthylène, plus fines et plus résistantes. 

 

Les premières cuillers tournantes étaient à plombage en tête.

Pour le lancer comme pour la mouche, les fils de Nylon vont remplacer les racines anglaises.

La première : la célèbre Mepps dont la palette a fait le tour du globe, et dont on ne compte plus les imitations, fut inventée en 1938, par monsieur Meulnart, ingénieur en mécanique automobile et pêcheur.

Avant les Mepps (qui signifie Manufacture d’Engins de Précision pour la Pêche Sportive), il y avait les cuillers plombées en tête ou avec plombage à distance, mais beaucoup moins efficaces notamment pour la précision des lancers.

Si Mepps, comme frigidaire, est devenu un nom générique, il en est de même de Rapala, leurre en bois (écorce de pin à l’époque, aujourd’hui en balsa) inventé en 1936 par un pauvre pêcheur finlandais : Lauri Rapala, qui avait du mal à nourrir sa famille. La marque reprise par ses trois fils, et aujourd’hui ses petits-enfants, est, comme Mepps, devenue une véritable légende. Vendus à plus de 900 millions d’exemplaires dans le monde entier, le nom du créateur est aujourd’hui devenu synonyme de poisson-nageur.

 

MEPPS, qui veut dire Manufacture d'Engins de Précision pour la Pêche Sportive, est à ses débuts une société tout ce qu'il y a de plus française.

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